Cette exposition se présente comme une procession, une procession qui perce l’endormissement du rêve. Une invitation à déambuler au milieu d’un espace d’où le corps serait absent mais où surgiraient des œuvres mises en scène, souvenirs de formes qui auraient pu être portées; une promenade au milieu de repères que l’on va découvrir, pour soi seul.
L ‘idée d’une déambulation sans aucune unité de lieu ni de temps est née de la relation à l’écriture qu’entretient Jean-Michel Othoniel. Le conte de fée en est bien sûr un modèle pregnant que l’artiste invoque souvent dans son travail. Ici, telle le conte de La Belle au bois dormant, les porteurs d’étendards, de palanquins et de bannières se sont laissés endormir par le charme. La procession reste figée, cristallisée dans le verre.
Le modèle du rêve comme écriture automatique est cependant sûrement plus proche du travail de l’artiste, car plus ouvert et fait de propositions qui sont autant de supports à la construction d’une histoire propre à chacun. C’est celui qui voit qui crée le lien, le fil entre les choses. Les œuvres sont ouvertes à la réappropriation.
Cette exposition flirt avec l’intemporel: un lit où l’on aurait pu aimer ou dormir ou aimer, de grands colliers - mémoire d’un corps démesuré et absent -, des étendards de verre importables, un paysage amoureux, des pluies d’or fondant dans l’espace.
Egalement présentes dans l’exposition, les Lagrimas de l’artiste, jarres de verres enfermant tout un univers de luxions en verre coloré. Réalisée au Mexique, cette œuvre est faite de pampilles de larmes, éléments de verre suspendus dans des vases remplis d’eau, remplis d’humeurs. Des larmes de plaisir ou de douleur, peut-être les deux mélangées; les deux mille objets flottants et flottés sont autant de mots posés sur une partition imaginaire.